2016 [tract sceptique pour une bonne année]

Pyrrhon impassible dans la tempête

C’est une nouvelle année qui commence. Une autre occasion de faire rimer un nombre avec tout et n’importe quoi. On aura entendu « 2016, année de l’ascèse », « de la chaise », et même « du malaise », reste à savoir s’il sera « dans la civilisation ». Justement, cette dernière en avait pris pour son grade en 2015 et chacun espère depuis sa fenêtre d’humain, que les douze mois qui viendront seront moins terribles que ceux qui viennent de passer.

Ce qui est sûr, c’est qu’ils seront moins libres, plus surveillés, plus monitorés, plus quantifiés et à la merci d’algorithmes agissant avec une noble bienveillance pour notre protection et notre bien-être dans ce monde de barbares (entendons-nous, les barbares sont toujours dans le camp d’en face, toujours). Si les jours noirs étaient des pixels morts, on pourrait dire que l’écran de 2015 pique sacrément les yeux, j’ai récemment répertorié les évènements marquants de l’année passée dans le monde numérique et il faut reconnaître que nombreux ont été les passages critiques pour nos libertés individuelles. En effet, en 2015, il fallait toute l’arrogance d’un gouvernement – de gauche ! – pour nous ressasser que « la menace globale » justifiait une loi sur le renseignement qui présentait « un progrès pour nos services et notre démocratie », il fallait aussi une verve décomplexée pour taxer sans vergogne de fanatiques orwelliens tous ces gens pas sérieux qui faisaient l’erreur d’accoler une critique – injustifiée – à cet indéniable progrès social.

Cet épisode hautement démocratique ne doit néanmoins pas occulter qu’en 2015, il y a aussi eu du positif : l’Apple watch est sortie dans tous les bons magasins, une levée de fonds sans précédents a été réalisée pour une bouteille d’eau connectée (je ne m’en remets pas) et Mark Zuckerberg a donné 99% de sa fortune à de bonnes œuvres. Bref, la vie du web a suivi son train-train vers un idyllique supermarché molletonné de gadgets rassurants. J’aimerais dire que 2016 sera plus douce que 2015, mais il n’y a aucune raison d’y croire. Va-t-on assister aux nécessaires sursauts démocratiques pour la défense de nos libertés ? Difficile à envisager depuis nos canapés douillets, et je sais de quoi je parle, c’est souvent là que j’écris. Tout n’est pas tout noir ou tout blanc me direz-vous, et il faut bien reconnaître que le monde ne va pas si mal, du point de vue de ceux pour qui tout est gris.

Si ce billet se colore d’allures de tractatus skeptikós, c’est à dire d’appel à la réflexion, c’est parce qu’en 2016 plus que jamais, il faudra tracter nos idées sur Internet et ailleurs. Plus que jamais, il faudra se battre contre ceux qui nous proposent un monde de simplicité aveugle. En ce qui me concerne, j’ai pris dix petites résolutions numériques (voir l’infographie en bas de l’article) pour faire ma part sur la toile. A côté de ce clin d’oeil, je continuerai bien sûr à déconstruire autant que faire se peut les mythes numériques qui le méritent, je creuserai des sujets nouveaux, notamment l’Internet des objets, les monnaies virtuelles, les smart-cities. Je partagerai mes lectures autour du numérique avec plus de régularité via des chroniques récurrentes. Cette année encore, j’irai m’intéresser à tous ceux qui proposent des réflexions autour de la chose numérique, qu’elles fussent artistiques, économiques, philosophiques, littéraires, religieuses ou encore vidéo-ludiques. Cette année, je verserai aussi dans l’absurde et dans le plaisir d’écrire pour rien. Cette année sera peut-être l’occasion pour Mais où va le web de mûrir, mais je ne promets rien. Ce sera une année sous le signe de l’authenticité et de la remise en cause de tout.

Pour l’année qui vient, je vous présente mes voeux de curiosité, de scepticisme, d’insatisfaction, d’envie de mieux.

Bonne année 2016.

10 bonnes résolutions de blogueur pour l'année 2016

Image en tête d’article, Pyrrhon impassible dans la tempête

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Saint Epondyle
8 années il y a

Premier échec : tu viens de te vanter de PROJETER de faire un week-end sans Internet. Honte MaisOuVaLeWeb ! Honte ! Espérons que le changement de nom viendra vite effacer l’opprobre. Ca a marché pour l’UMP, ça marchera pour toi. MOVLW est mort ! Vive MaisOuVaL’Innovation !