Portraits chinois des acteurs du logiciel et du SaaS

Portrait chinois des acteurs du logiciel et du SaaS

Les acteurs du logiciel sont partout et font une bonne partie d’Internet tel que nous le connaissons, mais qui sont-ils vraiment ?

Le monde du logiciel a bien changé en quelques années, des traditionnelles galettes de plastiques rondes, nous sommes passés aux abonnement à des services en ligne. Pour les non-experts, sachez qu’on appelle ce modèle le « SaaS », pour « Software as a Service ». Vous connaissez déjà les acteurs du SaaS : Dropbox, Evernote, Microsoft et encore plus proche de vous, Gmail et Facebook qui sont assimilables à des solutions SaaS (ces services ne vous demandent pas systématiquement de l’argent mais trouvent toujours un moyen d’en faire avec vos données).

Bref, chez Mais où va le Web, on appelle « Vaporeware » les solutions SaaS (étant donné que le principe est de vendre essentiellement du « cloud », cela semble assez cohérent). Les immortels de l’académie se verront proposer la traduction suivante : « flûticiel » , puisqu’il y a quand même pas mal de pipeau dans cette histoire.

Comme indiqué dans le titre de cet article déjà trop long, les acteurs du logiciel sont catégorisables. Nous avons retenu 3 portraits phares, bien plus réalistes que tout ce que vous pourrez lire dans Challenge à ce sujet :

Catégorie 1 : les Winners

Le requin du logiciel

L’animal totem des Winners : Le requin.

Signes particuliers :  Le roi de l’océan bleu. Toujours dans les vagues, le requin est quelqu’un qui « pèse dans le milieu ». Il force l’admiration mais provoque la méfiance. Les poissons se retournent sur son passage. Parfois trop occupé à veiller sur son royaume, il ne voit pas toujours les filets réglementaires qui pourraient le stopper dans sa folie des grandeurs.

Marché cible :  Tout ce qui bouge. Le requin Winner a l’avantage d’être détenteur d’une bouche béante peu regardante quant à ce qui y rentre. Sa force de frappe est tout bonnement impressionnante. Paradoxalement, le requin est sensible aux changements de température, son écosystème est fragile et des variations subites peuvent lui être fatales.

Dans la vraie vie : Microsoft, Google, Dropbox, Facebook, Oracle, etc…

Si c’étaient des humains : Les winners sortiraient probablement de Harvard ou du MIT. Cependant, on insistera sur le fait que certains d’entre eux n’ont pas fini leurs études, ce qui encouragera le reste de la meute à croire qu’elle aussi, peut y arriver, même sans passer par la case études. C’est évidemment faux.

Si les Winners étaient des humains, ils se feraient construire d’immenses maisons sur les flancs de collines verdoyantes, investiraient massivement dans les nano-bio-technologies parce que quand même, rester mortel quand on a si bien réussi, c’est un gâchis pour l’humanité. Si, si.

Leur fantasme secret : Tout recommencer à zéro. C’est vrai c’est super d’être le king des flots, mais le coup est déjà joué, ça en devient presque lassant.

Catégorie 2 :  les parasites

Les Rémoras, les parasites du monde du logiciel et du SaaS

L’animal totem des Parasites : Le rémora.

Signes particuliers : Collant. Le rémora s’agrippe très, très, très bien à son véhicule. Tel le cycliste derrière le lièvre, il minimise l’effort et l’énergie. Il bénéficie de l’inertie des Winners qui sont trop occupés à foncer pour s’apercevoir que les rémoras parfois trop nombreux risquent de les ralentir.

Marché cible :  Les rescapés d’une première chasse du requin, les miettes. Bref, tout ce qui passe à portée ou glisse généreusement de la bouche dantesque du mastodonte hôte.

Dans la vraie vie : Les fameux « plugins » qui s’installent sur votre navigateur (adBlock), les solutions vendues par certains opérateurs (regardez bien vous en avez peut-être acheté sans faire exprès), les moteurs de recherche que tout le monde cherche à désinstaller (Ask.com). Sans trop abuser, on pourrait même postuler que Skype est un rémora.

Si c’étaient des humains : Les rémoras seraient des créatifs qui auraient réussi. Ils ne complexeraient pas quand on leur dirait que la plupart de leurs clients ne savent même pas pourquoi ils paient, après tout, il faut bien vivre.

Les rémoras habiteraient dans des capitales renommées et auraient sur Linkedin une photo d’eux même tenant un micro devant une foule conquise. Pour le milieu du logiciel, ils seraient probablement issus d’une école de second rang (une grande école par exemple, mais française).

Leur fantasme secret : Etre riche et célèbre. Les rémoras ont un besoin insatisfait de reconnaissance et c’est ce qui fait leur force. Ils savent ce que veux dire nager en eaux troubles et regardent d’un oeil oblique les requins dont le mérite n’aura été que de naître requin, sans vraiment avoir eu à se battre.

Catégorie 3 : les Wanna start (ou losers)

Le Poisson sable, rapide sur la terre mais ne nage pas dans le grand bain du logiciel

L’animal totem des Wanna Start : Le poisson sable.

Signes particuliers : Son agilité sur le sol terrestre. Le poisson sable est véloce, prend des décisions rapidement et sait s’enfouir en cas de danger. Malheureusement, le poisson sable est tout à fait incapable de nager dans le grand bain, il se ferait happer par la puissance des vagues. Dommage.

Marché cible : Les grains de sable. L’avantage c’est qu’il y en a plein, l’inconvénient est qu’ils sont très volatiles et dépendants des tendances climatiques (le vent finit toujours par tourner…).

Dans la vraie vie : Pour faire simple, tout ce qui ne rentre pas dans les deux précédentes catégories a sa place chez les poissons sable. On les appelle également jeunes pousses ou start-ups. Vous en connaissez tous, c’est ce type qui bosse de chez lui sur un projet auquel personne ne comprend rien ou bien cette entrepreneure volubile qui passe son temps sur Twitter, bref, des combattants du quotidien.

99% d’entre eux finiront quand même par lâcher l’affaire et rejoindre un requin. Les plus chanceux eux, s’agripperont au requin.

Si c’étaient des humains : Les poissons sables seraient de sympathiques idéalistes provinciaux assoiffés d’indépendance. Rebelles à leur manière, ils seraient en fait la représentation la plus forte d’un système qu’ils haïraient et où les requins feraient loi. Concrètement, ils vivraient dans un studio ou chez leurs parents, ceci dépendant en grande partie du montant de leurs ASSEDIC. 

Leur fantasme secret : Se faire avaler par un requin. Ce n’est pas tant que l’argent les attire (d’ailleurs ils sont attirés par des tas de choses différentes) mais la perspective d’un chèque de 500 millions de dollars leur fait quand même un peu d’effet. Naturellement c’est comme le loto, un sur 100 000 sortira la tête du sable.


Bien qu’ironique, ce billet a été rédigé sans aucune animosité à l’égard des acteurs du logiciel. Comme on dit, il faut de tout pour faire un web. Par ailleurs, il n’est évidemment pas exclu qu’il y ait des requins parmi les poissons sable, et inversement. 

fleuron

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[…] avec le géant. Oui, le business modèle est fragile. Mais ils sont loin d’être les seuls, comme je l’ai déjà expliqué il y a quelques temps, Le même en mieux fait partie de ces sociétés qui ont pour totem le « rémora », ce petit […]