Cyberguerre : quand les drones nous tomberont sur la tête

Mars 2031, il est 13h. C’est vendredi et Marius a posé un RTT. Le temps est radieux à Maisouvaleweb-city, un bon 34° fait suer les murs du préfabriqué. Marius aura 30 ans ce week-end. Pour l’occasion, il s’est offert une délicieuse grosse matinée au lit avec une pile de bande-dessinées.

Ndl : comme je suis un mauvais garçon, je re-publie ce court fragment dystopique écrit il y a quelques années dans un vieux billet qui parlait de Sarah Connor

Bref, 13h, va quand même falloir se bouger. Raviolis, grille une clope, baskets, ouvre la porte direction dehors. Au dessus de sa tête, comme d’habitude, c’est par rafales que passent les robots-livreurs d’Amazon, les Prime-Air IV. Depuis l’ouverture du marché cyber-aérien, c’est le chaos dans le ciel. Quelques jaunes tentatives de La Poste parsèment les nuées de Prime-Air, en vain. Le marché est préempté par les drones américains, plus rapides, moins chers, de fabrication chinoise.

Quand soudain. Cri strident, Marius lève la tête, une flopée de colis tombe du ciel. Il court. Au coin de la rue, 6 kilos lâchés de 200 mètres ont aplati un Abribus. C’est quoi ce délire ? Les drones commerciaux sont pourtant censés être cryptés en AES 256, inviolables. Apparemment ça n’a pas suffit. Bruits de klaxons et de freins, l’entrée du périph’ est complètement congestionnée, un drone a percuté la vitre avant d’un semi-remorque. C’est tout tâcheté de sang. Sur le trottoir, la bande d’ados qui se marre en voyant la scène déchante totalement quand la tête de la jeune Mélissa explose sous une caisse qui déploie dans un fracas sa cargaison de figurines en argile.

Incompréhension. Choqué dans sa course, Marius glisse, se rattrape in extremis à un poteau et évite un scooter en plein dérapage. Au passage, son coude cogne dans l’exact petit coin d’un banc. La décharge fait monter l’adrénaline. Ses sens sont décuplés, il voit maintenant les pointillés dans le ciel, des centaines, des milliers de drones qui lâchent à veau l’eau leurs colis. Il pleut littéralement des gros cartons !

16h30, Marius est dans sa salle de bain. Il entend pour la neuvième fois le journaliste répéter que l’incident, bien que mondial, n’aura duré que 14 minutes. Une déconnexion totale du réseau de drones par les trois principaux constructeurs aura été nécessaire. La correspondante locale explose en explications :

« Tout à fait Jean-Mohammed, il s’agit du plus grand cas de Sky-Hacking répertorié jusqu’à maintenant, l’attentat n’a pas été revendiqué mais les soupçons pèsent sur la faction armée du groupe The Connors établi au Pakistan, le piratage a concerné près de 40 000 drones dans 14 pays, pour l’instant, on fait état de 344 morts et de plusieurs milliers de blessés, les drones de secours ont tous été réinitialisés par mesure de sécurité, les scènes tragiques de cet après-midi ont toutes été filmées depuis le ciel et live-streamée sur YouTube et Périscope, j’ai devant moi un groupe de jeunes gens qui semblent extrêmement choqués, je vais aller les voir pour… »

Clic. Marius éteint sa télévision. Ses tempes ont repris la couleur de sa peau. Il s’étend sur son lit et ouvre une bande-dessinée.

Vous avez aimé ? Lisez une nouvelle encore plus déjantée : L’armée des 12 clics.
Nous sommes en 2035. Les quelques milliards d’internautes qui pullulent sur la planète Terre ont progressivement remplacé la horde de bipèdes autrefois nommée Humanité. Dans une fusion cybernétique sans précédent, les Hommes sont devenus des serial-cliqueurs. La vie toute entière a pris une tournure nouvelle, au point de devenir une vaste entreprise d’optimisation de l’espace-temps où chaque interstice de liberté se résume à cette courte prière de l’index : « clic ». 

Chapitre premier : pourquoi diable faut-il toujours que le futur soit une dystopie digitalo-consumériste totalitaire ?

La suite ici :

L’armée des 12 clics [une histoire un peu jetée] ep 01

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