Quantique : attrape-moi si tu peux

Une innovation chasse l’autre. À peine les promesses d’émancipation sociale de la blockchain dissipées, voilà qu’on nous a promis le métavers (un flop), avant de nous vendre la révolution des « crypto-actifs » – des jeux en ligne pour wannabe traders. Mais tout cela n’est encore que de l’Internet, du hardware vieux jeu, de la petite spéculation bancaire. Voici venu le nouveau graal : le quantique. Une technologie dite « habilitante », qui permettrait, sur le papier, de déverrouiller à peu près tout sur son chemin : calculer (beaucoup) plus vite que les supercalculateurs actuels, modéliser des molécules complexes, améliorer la métrologie et la cryptographie. Le quantique, dont les bases ont été posées par d’éminents scientifiques comme Max Planck ou Albert Einstein, recouvre une polysémie foisonnante – et c’est bien pratique. On n’y comprend pas grand-chose et l’hermétisme conceptuel du domaine contribue justement à la fascination ambiante. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’en théorie, cette autre philosophie de calcul augure une puissance exponentielle. En pratique toutefois, pas grand-chose n’est stabilisé : le quantique en est encore à son stade préhistorique, le design de ses « ordinateurs » est précaire, si tant est que l’on puisse les nommer ainsi – ils n’ont à peu près rien à voir avec nos appareils du quotidien. La partie logicielle est encore largement en développement et une grande partie du travail des grands acteurs du domaine – IBM, Google, D-Wave, Quandela, Alice & Bob, etc. (on notera que les deux derniers sont français) consiste à lutter contre les erreurs (nombreuses) et la décohérence (pour stabiliser le calcul).

Une chronique pour le n°4 de l’excellent magazine Fracas : « Comment tout peu exploser », à retrouver en kiosque.

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