L’association Le Mouton Numérique recevait récemment le penseur Yves Citton, qu’on peine à définir tant il multiplie les casquettes : philosophe, historien, archéologue des médias, auteur de nombreux ouvrages et co-directeur de la revue Multitudes. Yves est également un spécialiste de Spinoza et un des penseurs majeurs de « l’économie de l’attention » produite notamment par les technologies numériques…
Voici la vidéo de la conversation qu’il a tenue avec Benoît Petiet qui a réalisé et animé le format. On en profite pour le remercier chaleureusement, le moment fut particulièrement intense et intelligent. Je ne saurai que vous encourager à le visionner. Le descriptif plus complet de la thématique :
Au rebours d’une vision du corps comme un tout strictement séparé de son environnement, on peut définir le corps par les relations qu’il entretient avec ce qui l’entoure, le traverse et le transforme.
Les corps sont affectés, ils affectent en retour, et l’échange de ces affections produit des traces : depuis les traces de pas, le CO2 recraché, les paroles prononcées, les SMS envoyés, etc., jusqu’aux livres publiés, aux entreprises fondées, aux maisons bâties et aux enfants conçus. Des plus infimes (la respiration) jusqu’aux plus grandes (leur reproduction biologique), les corps laissent des traces. Ils sont eux-mêmes le produit d’une multitude infinie de traces : un corps reçoit du dioxygène et rejette du dioxyde de carbone, il est issu du corps de ses parents et il peut en engendrer de nouveaux.
Le corps, machine à recevoir, traiter et produire des traces ? À partir d’une telle définition, le parallèle semble évident entre corps et ordinateur. Quand nous appelons ces traces « données », nous faisons comme si nous savions réduire le corps à une longue série de 0 et de 1. Pourtant, le réel ne se limite pas aux « données » récoltées sur son compte.
Pourquoi certains réduisent-ils les traces infinies aux « données » numériques ? Quelles en sont les conséquences politiques ? Est-il possible de s’y soustraire, et pour dessiner quelle alternative numérique ?
Irénée Régnauld (@maisouvaleweb), pour lire mon livre c’est par là, et pour me soutenir, par ici.