Dans la série des entrepreneurs qui font rimer culture avec intelligence artificielle, il y a Ask Mona, le premier chatbot culturel qui vous conseille dans vos sorties franciliennes. Création originale de Valentin Schmite et Marion Carré que j’ai rencontrée, Ask Mona a saisi le virage des robots conversationnels et répond de jour comme de nuit à tous ceux qui peuvent se demander quoi aller visiter un samedi à 15h.
Après avoir roulé sa bosse de blogueuse culturelle sur Il était Paris, Marion Carré a réalisé que si les parisiens passaient beaucoup de temps à picorer la culture locale, nombre d’entre eux n’avaient pas idée des lieux originaux qui s’offrent facilement dans les environs. Qui plus est, la recherche d’une sortie culturelle ne va pas sans ses interminables négociations, jusqu’à laisser filer l’heure et rester chez soi :
Trouver rapidement une sortie culturelle est compliqué, on ne sait pas par quel bout prendre les choses. Nous avons voulu construire un outil permettant aux non experts de trouver une sortie qui colle à leurs envies, leur budget et pourquoi pas, leur géolocalisation. Nous avons à la fois des entrées thématiques (musées, monuments, expos), et aspirationnelles (quelque chose d’impressionnant, loin de la foule).
Certes, il existe des plateformes bien conçues pour remplir cette tâche, comme le site Que faire à Paris par exemple, très exhaustif. Pour Marion Carré, l’objet d’Ask Mona est de se placer en complément individualisé à ces solutions, le chatbot permet d’adresser spécifiquement les utilisateurs avec des propositions limitées mais percutantes :
Contrairement aux applis un peu lourdes et aux sites où l’on se perd souvent, un chatbot permet d’entretenir une vraie conversation, c’est un conseiller. Le chabot permet aussi de qualifier simplement un besoin, d’abord avec des questions puis de plus en plus, avec un traitement automatisé du langage. Ask Mona évolue vers cette deuxième étape, mais l’objectif est avant tout de faire des propositions claires à chacune et à chacun.
Ainsi, Ask Mona participe clairement de l’automatisation relative des choix individuels. Pourquoi pas demain, un algorithme pour vous guider dans Paris ? C’est sans doute là l’ambivalence de ce genre de services qui comme Google, surfent autant sur l’envie spontanée que sur notre manque de temps. La différence avec Ask Mona réside peut-être dans la vocation purement culturelle, un domaine encore peu digitalisé, fourmillant de portails plus ou moins clairs et manquant cruellement de billetteries en ligne.
Intégré au programme Services Numériques Innovants 2016 qui appui les projets liés à la culture, Ask Mona est déjà en partenariat avec Le Centre des Monuments Nationaux et Paris Musées. Pour Marion, c’est une façon de comprendre les attentes des musées en se détachant un peu de la pure vision client. Pour autant, le nombre d’utilisateur reste le nerf de la guerre :
Une fois que nous aurons une bonne communauté, nous penserons aux pistes de financement. Nous avons lancé le 1er mars et c’est déjà encourageant, mais c’est encore trop tôt pour tirer des conclusions. Nous avons aussi compris que les musées étaient soucieux d’attirer un public assez jeune, et nous pensons clairement pouvoir y contribuer.
Marion se donne quelques mois pour augmenter sa base utilisateur, elle a obtenu un financement de la part du Ministère de la Culture et réfléchit déjà à une façon de monétiser le service avec deux axes en tête : ne pas faire payer les utilisateurs et rester maîtresse des contenus proposée sur le service.
La conversation avec Ask Mona commence ici, lancez-vous !