Chronique(s) de la bombe nucléaire : histoire, dissuasion, peurs

L’invasion de l’Ukraine par la Russie fait de nouveau surgir le spectre d’un conflit nucléaire en Europe. Et s’il ne faut pas se méprendre sur la réalité de la menace, ni céder à la panique devant un traitement médiatique parfois plus enclin à pousser au clic qu’à analyser froidement les événements, s’interroger sur cette arme singulière qu’est la Bombe est une nécessité. C’est ce à quoi s’emploie Mark Wolverton dans son tonique ouvrage Nuclear weapons (MIT press, 2022, non traduit), où il retrace les grandes lignes historico-culturelles et l’absurdité de cette invention. Une lecture que j’agrémente dans cette chronique de quelques pièces rapportées.

NB : aucune volonté de ma part d’ajouter au bruit et à l’effroi sur ce sujet angoissant (quoique !). J’avais planifié cette lecture depuis plusieurs mois déjà, et bien que je concède que c’est aussi une manière d’exorciser mes peurs, je vous prie de croire à la sincérité de ma démarche : renseigner sur un objet qui nous concerne tous et dont nous devrions espérer qu’un jour, il ne soit plus si prégnant dans les relations internationales.

Glanages historiques

Sans nous livrer ici à un examen précis de l’histoire de la bombe (par ailleurs très bien documentée sur Wikipedia), notons quelques apports intéressants de Wolverton. D’abord les conditions dans lesquelles le projet Manhattan (nom de code du projet de recherche qui produisit la première bombe atomique) fut enclenché en 1942, alors que les Etats-Unis craignaient que les allemands ne mettent au point avant eux une telle arme (ce qui ne fut jamais le cas). De l’idée à la réalisation technique, l’auteur nous fait traverser l’histoire de la bombe, rencontrer les personnages qui en furent les acteurs principaux, et notamment les physiciens Leó Szilárd et Eugene Wigner qui en 1939, écrivirent une lettre au président américain Franklin Delano Roosevelt (lettre signée par Albert Einstein lui-même) pour l’avertir de la possibilité physique et technique de construire une arme d’un nouveau type.

Aussi les premiers chapitres de Nuclear weapons nous familiarisent avec les « étapes » les plus tragiques de l’âge atomique. Les premiers « essais » – et ceux qui en furent les victimes parmi les soldats américains qu’il fallait préparer psychologiquement à une guerre nucléaire. La décision de les utiliser sur deux villes japonaises (on apprend qu’un troisième, et même un quatrième tir n’étaient pas exclus). Wolverton rappelle les mots terribles du Président Truman qui, venant d’annoncer le lancement des premières bombes sur le Japon, s’adressait au peuple américain : « Nous allons complètement détruire la capacité du Japon à faire la guerre… S’ils n’acceptent pas nos termes, ils doivent s’attendre à une pluie de ruines venant du ciel, comme il n’en a jamais été vu sur cette Terre. » Mots qui rappellent sans conteste les récentes menaces de Vladimir Poutine, prévenant quiconque s’opposerait à sa guerre qu’il s’exposerait à des « conséquences que vous n’avez encore jamais connues ».

Discours de Harry S. Truman suite aux bombardements de Hiroshima et Nagasaki les 6 août et 9 août 1945

A la première bombe atomique, fonctionnant sur les principes de la fission nucléaire (Bombe A), succède la bombe à fusion ou (Bombe H), jusqu’à plusieurs milliers de fois plus puissante. Alors que l’URSS se dote de l’arme atomique en 1949, puis de la bombe à fusion en 1955, la perspective d’une guerre totale et apocalyptique commence à se faire jour. A ce jeu « tous les paris sont annulés, aucun pays n’en sortirait victorieux, et la société toute entière serait détruite dans tous les sens du terme. La guerre thermonucléaire est ce tout ou rien ».

Terminons avec les éléments historique : Wolverton nous parle de l’élan de régulation relative qui fait suite à la crise des missiles de Cuba dont on comprend que la sortie par le haut doit au moins autant à la chance qu’à la capacité des deux blocs à finalement s’entendre (sans forcément comprendre la même chose de cette entente). En 1963, le Traité d’interdiction partielle des essais nucléaires est signé, il concerne les tests dans l’atmosphère, sur Terre ou dans l’espace. Puis il y aura le traité sur la non-prolifération en 1968 (la France y adhère en 1992), et les traités Salt sur la limitation des armements stratégiques en 1972 et 1979 qui comme nous le verront plus bas, restent loin de désamorcer la menace. Pendant toute cette période, et encore aujourd’hui, la doctrine de la dissuasion nucléaire se met en place.

La dissuasion et ses limites

C’est dans l’analyse de la dissuasion que le propos de Wolverton se fait plus intéressant. On le sait, la doctrine repose sur la peur, dans les deux camps (à l’époque en tout cas, car 9 pays possèdent l’arme nucléaire aujourd’hui) du recours par l’autre à l’arme nucléaire. Tout déclenchement d’un côté ne pouvant conduire qu’à la destruction mutuelle assurée (Mutual assured destruction, ou « MAD » – on parle d’équilibre de la terreur en français). En résumé, la dissuasion renforce l’hésitation à attaquer son ennemi mortel car on pense que celui-ci peut nous détruire en retour. Cependant, d’autres croyances doivent être mobilisées pour que la dissuasion tienne. Il faut tout d’abord être sûr du fait que son ennemi possède un tel pouvoir de destruction et n’hésite pas à s’en servir. Il faut également s’assurer du fait qu’il se sente bien menacé par des représailles, dans le cas où il déciderait de frapper le premier – voire même, qu’il en ait simplement quelque chose à faire (on peut envisager le fait qu’un dictateur soit disposé à laisser massacrer une partie de sa population pourvu qu’il en sorte « vainqueur »). En l’occurrence, l’ampleur du sentiment de menace croît avec la puissance de l’adversaire, et la capacité qu’on lui prête à nous détruire complètement. La dissuasion est aussi une question de bluff et de contre bluff, et menace et de contre-menace.

Sans entrer dans les débats qui interrogent « l’efficacité » de la dissuasion (extrêmement difficile à prouver[1]), gardons à l’esprit que le corolaire de ce mécanisme de potentielle destruction mutuelle est la course à l’armement. La dissuasion « encourage à surpasser son handicap [son manque de puissance] en construisant assez d’armes pour surpasser ou préempter toute riposte, en frappant le premier et en s’assurant qu’aucune frappe adverse ne puisse être lancée. Cela vous force à construire encore plus d’armes pour éviter de perdre votre avantage stratégique. ». C’est bien le problème de la dissuasion : il s’agit d’un équilibre qui repose sur ce qu’on s’imagine que l’autre possède comme armes et sa propension à en faire usage. Mais que se passe-t-il si cet équilibre change ? Si l’on devient capable par exemple, de se défendre d’une attaque nucléaire ou bien d’attaquer le premier sans en payer le prix ? Dans un tel cas, la dissuasion est affaiblie, voire abolie.

Les premières armes qui ont rebattu les cartes de l’équilibre de la terreur furent les missiles balistiques intercontinentaux (ICBM). Capables d’atteindre en quelques minutes une cible à des milliers de kilomètres, ils ont accéléré la possibilité de frapper à distance en se passant de moyens conventionnels de transport des bombes tels que les avions. Wolverton s’attarde sur deux autres technologies clés : les anti-missiles (supposés détruire en vol les missiles intercontinentaux), et les Multiple independantly targetable reentry vehicle (MIRV) qui équipent les missiles de plusieurs têtes nucléaires – y compris des leurres capables de dérouter les défenses – tout en démultipliant leur pouvoir destructeur. Les différents traités de désarmement, rappelle Wolverton, ont échoué à réguler ces armes quand bien même ils ont permis la réduction du nombre d’ogives nucléaires dans chaque camp et donc à freiner la prolifération.

Cependant, la modernisation des arsenaux n’entre pas dans le paradigme de la prolifération. La prolifération s’attache avant tout à compter le nombre de pays dotés de l’arme nucléaire, et le nombre d’ogives disponibles (ce qu’on appelle la « prolifération horizontale »). Pourtant, les anti-missiles et les MIRV sont au moins aussi importants à considérer que les bombes elles-mêmes, car ils réduisent l’hésitation à frapper le premier et à ce titre, affaiblissent l’équilibre de la dissuasion. Dans un scénario maximaliste, ils pourraient même inciter à l’adoption d’une doctrine plus offensive qui autoriserait une première frappe, à revers de la doctrine dite de « non emploi en premier », qui est notamment celle de la Chine (mais pas de l’OTAN). La récente tribune de Bastien Lachaud et Jean-Luc Mélenchon où ils s’inquiètent de la fin de l’indétectabilité des sous-marins (qui garantit l’efficacité des frappes) ne dit pas autre chose : l’équilibre de la dissuasions est fragile et nécessite sans cesse de renouveler ses et techniques de défense afin de maintenir un équilibre (que les deux hommes politiques souhaitent voir transiter vers d’autres types d’armes tout aussi paralysantes mais moins létales).

On lit également souvent que le simple fait de maintenir en place une force de dissuasion pose un certain nombre de risques. Au cours de l’histoire, les accidents ou « presque catastrophes » impliquant des bombes nucléaires on été nombreux. Quand par exemple, un B52 a lâché par erreur deux bombes H au nord de Goldsboro (Caroline du Nord) en 1961, ou encore en 1966 suite à une collision entre deux avions (accident de Palomares), sans parler de la fausse alerte de 1979 à Colorado Springs, ou celle de 1983 qui faillit conduire à une guerre nucléaire en bonne et due forme. Pour Wolverton, la complexification des moyens techniques à l’œuvre pour maintenir en équilibre la dissuasion est en soi dangereux : « d’une certaine manière, la sophistication et l’omniprésence de nos systèmes d’alerte et de détection, avec leurs satellites, leurs réseaux et autres technologies qui n’étaient encore que des rêves il y a peu, augmentent plus qu’elles ne diminuent le risque d’accidents catastrophiques, à cause de ces couches qui s’ajoutent les unes aux autres et qui sont couplées à une vélocité si extrême qu’elles dépassent le contrôle humain. » Une situation que décrit parfaitement bien le film WarGames (1983), où un adolescent enclenche par erreur une guerre nucléaire en hackant par erreur l’ordinateur du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD). Spoil : l’ordinateur qui simule tous les scénarios de guerres nucléaires possibles finit par conclure que pour gagner la partie, mieux vaut ne pas jouer.

Ne pas avoir peur d’avoir peur

Je m’étonnais dans un article précédent du traitement médiatique anxiogène ayant fait suite aux annonces de Vladimir Poutine. J’en reviens un peu aujourd’hui car, quand bien même on ne peut que refuser de s’imaginer le pire, le simple fait de craindre qu’il n’arrive n’est pas en soi un problème. Interviewé sur RTS, le chercheur Benoît Pelopidas rappelle que si la menace d’une guerre nucléaire est vécue avec un « grand détachement, la guerre nucléaire demeure possible. C’est même la base de toute doctrine de dissuasion: pour qu’elle fonctionne, il faut qu’il y ait la possibilité d’employer ces armes. »

Dans son ouvrage, Mark Wolverton revient sur quelques événements cinématographiques des années 1950 jusqu’à la décennie 1980. Parmi les plus anxiogènes et réalistes, on retrouve notamment les films The day after en 1983, et Threads en 1984). Reagan écrivit dans ses mémoires à propos du premier qu’il fut un facteur majeur conduisant en 1987 à la signature du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (traité qui a totalement éliminé une catégorie d’armement, mais duquel les russes et les américains se sont retirés en 2019). Cependant, affirme Benoît Pelopidas, dans les temps présents, « la culture populaire et la fiction ne thématisent plus la possibilité de la grande catastrophe nucléaire. » Avis partagé par Weronika Zarachowicz qui précise dans Télérama que « Plus largement, les effets des armes nucléaires sont minimisés », je la cite plus amplement :

« Dans de nombreux films, les armes nucléaires sont devenues des instruments salvateurs, voire irremplaçables face à deux types de menaces : des astéroïdes, en cours de collision vers la Terre (Armageddon, de Michael Bay ; Pacific Sunshine, de Danny Boy), ou bien des monstres ou des extraterrestres. Il y a encore un troisième changement dans la culture populaire qui, du coup, ne nous aide plus à dépasser notre incrédulité : quand la guerre nucléaire est thématisée, elle l’est soit comme un événement dans le passé ou dans un univers parallèle, soit comme étant initiée par des machines et non par des hommes (Matrix ou la saga Terminator). La menace nucléaire s’est détachée, littéralement, de l’humanité. »

Si l’on peut bien trouver ici et là des contre exemples, notamment dans le monde du jeu vidéo (Far Cry ou Call of Duty par exemple), force est de constater que ces dernières décennies, le risque de guerre nucléaire est plus que jamais, devenu une abstraction. Or prétendre que ces menaces n’existent pas ou appartiennent au passé ne nous protège pas. Et c’est vite oublier à quel point la bombe a pourtant bousculé les consciences individuelles et collectives. Au mitan du vingtième siècle, la philosophie elle-même – et notamment la pensée de la technique – a basculé, avec les écrits d’Hannah Arendt, de Günther Anders et bien d ‘autres. En entrant dans « l’âge atomique », l’homme a découvert son impuissance face à la puissance de la technique : Anders parle de « décalage prométhéen » pour signifier cette incapacité à penser moralement ce qui est devenu possible techniquement…

Anders, nous rappelle très justement Zachary Loeb dans Real Life, était justement le genre de philosophe à ne pas négliger l’importance ni la légitimité du sentiment de peur : « n’ayez pas peur de la peur, ayez le courage d’avoir peur et d’effrayer les autres ». Anders contredisait ainsi, postule Loeb, une affirmation célèbre du président Roosevelt qui en 1933, déclarait que « la seule chose que nous avons à craindre est la peur ». Mais pour Anders, la peur est une nécessité : il y a des choses dans le monde auxquelles il faut précisément répondre par la peur. Or tout le propos de L’obsolescence de l’homme, Sur l’âme à l’époque de la deuxième révolution industrielle (1956) est justement de déplorer cette absence de peur, cet « Aveuglement face à l’apocalypse », un aveuglement auquel il espère remédier en « exagérant d’autant plus ses contours qu’ils sont d’ordinaire « estompés ». » Une réflexion d’autant plus intéressante qu’il me semble que, comme le propose la chercheuse Zeynep Tamuk, la peur n’est pas un critère illégitime pour réguler les sciences et les techniques : « La peur, comme les désirs et les espoirs, est une expression politique, et la politique ne peut être circonscrite au domaine du rationnel. » Si le président Reagan explique dans ses mémoires qu’un simple film a favorisé la signature d’un traité bilatéral, alors nous en avons bien la preuve.

A quoi servent encore les armes nucléaires ?

Car c’est bien la question vers laquelle toute réflexion à propos de l’éventualité d’une guerre atomique débouche : à quoi bon maintenir une telle puissance si celle-ci est vouée à ne jamais être utilisée, ou à tous nous détruire ? Les bombes nucléaires sont, pour Wolverton, inutiles au sens le plus pratique du terme. Du point de vue de celui qui en lance une, la moindre cible « est une énorme structure, une ville ou une mégalopole. Elles sont par essence impersonnelles, et à large échelle, génocidaires ». La bombe H est si puissante que définir une cible est presque illusoire. Même les tests nucléaires l’ont prouvé : l’explosion la plus puissante de l’histoire en 1961 (Tsar Bomba, 57 mégatonnes) était « bridée », Khrouchtchev expliqua qu’il s’agissait de ne pas « briser tous les miroirs de Moscou ». Elle devait préfigurer un test avec une puissance de 100 mégatonnes qui fut abandonné car une telle puissance aurait causé trop de dommages au territoire russe… Qui plus est, quel leader voudrait en se prêtant à ce jeu, devenir, selon les mots du President Merlin Muffley dans Dr Folamour : « le plus grand meurtrier de masse depuis Adolf Hitler » ?

Günther Anders abonde : la bombe est « absolument trop grande » écrit-il dans L’obsolescence de l’homme. Le plus petits de ses effets – si on l’utilisait – « serait plus grand que n’importe quelle fin (politique ou militaire). » Pour le philosophe, il est déjà absurde de continuer à augmenter sa puissance explosive ou le nombre de bombes car en définitive, cela n’ajoute rien à sa puissance. La bombe est par essence vouée à dépasser son objectif : « Si quelqu’un utilisait la bombe dans l’espoir insensé d’atteindre un but déterminé et fini, l’effet obtenu n’aurait aucun rapport avec ce but. » La bombe n’est à ce titre rien d’autre qu’un chantage qui s’exerce sur tous, ou bien sur personne. Un chantage qui certes, permet à certains pays de peser sur la scène internationale, mais sans interroger les politiques de domination qui lui préexistent. La bombe ne fait finalement que prolonger une forme d’impérialisme. A ce titre, on ne peut que difficilement considérer qu’elle n’a jamais été utilisée (en dehors des frappes sur le Japon) : l’usage verbal de la bombe, comme l’a tristement rappelé Poutine, est une réalité.

Et pourtant l’accroissement nucléaire est d’autant plus vain que les missiles hypervéloces (les ICBM que je mentionnais plus haut) sont suffisamment précis pour rendre obsolète la possession de bombes si massives. Une faible quantité de force appliquée au bon moment au bon endroit peut parfois remplir des objectifs similaires à ceux d’une arme nucléaire, défend Wolverton. Et quand bien même un tel argument frise le cynisme, il révèle en creux que la seule véritable utilité de la bombe nucléaire n’est pas pratique mais psychologique. Hormis cet aspect : « personne n’a vraiment réussi à trouver une utilité aux bombes nucléaires, en dehors du fait qu’elles empêcheraient un adversaire de les utiliser. »

***

Si les armes nucléaires sont opérationnellement inutiles, voire même obsolètes, ne pourrait-on on pas s’en débarrasser pour de bon ou, à défaut, trouver une meilleure façon de vivre avec, qui repose sur plus que la chance et la nature humaine ? Anders ne voyait qu’une issue à cette question, l’éducation à l’imagination morale. La bombe a levé le voile sur le fait que les liens qui unissent l’action à la puissance morale sont rompus, il en prend pour preuve la réponse du pilote du bombardier au journaliste qui lui demandait à son retour à quoi il avait pensé au cours de sa mission consistant à détruire des villes : « Je n’arrivais pas à me sortir de la tête les 175 dollars qu’il me reste à payer pour le réfrigérateur ». Pour Anders, nous sommes incapables de concevoir l’apocalypse car si nous pouvons percevoir 10 morts, 200 000 morts ou plus est totalement en dehors de notre entendement : « face à l’idée de l’apocalypse, notre âme déclare forfait ».

La bombe n’est certes pas « désinventable », conviennent Mark Wolverton et Günther Anders, aussi dur à entendre soit cet argument. Les informations nécessaires à sa fabrication ne peuvent être tenues secrètes, les principes physiques qui la gouverne non plus. Cependant, si une technologie ne peut être oubliée, elle peut toujours être contrôlée, car le seul ennemi, c’est la bombe elle-même, ennemie de l’humanité toute entière et pour des générations.

[1] Une preuve souvent avancée est la capitulation du Japon suite aux bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, cependant cela ne démontre pas le caractère dissuasif de l’arme nucléaire : les historiens s’accordent sur le fait que d’autres causes, plus profondes que ces bombardements, ont amené à la capitulation. L’actualité récente nous montre que la possession de l’arme nucléaire ne dissuade en rien d’envahir ceux qui ne l’ont pas, tout comme cela ne dissuade pas ceux qui ne l’ont pas de répondre à ceux qui l’ont.

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2 années il y a

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