Applications mobiles, géolocalisation, reconnaissance faciale, drones… Les moyens technologiques déployés pour comprendre et endiguer la diffusion du Corona virus sont impressionnants.
Plus impressionnant encore, le caractère international de ces mesures. Un par un, les pays touchés par l’épidémie mettent en place des dispositifs techniques de suivi de la population, de vérification de la bonne tenue des confinement, d’analyse de la température du corps, de cartographies de la propagation de la maladie. Côté médias, les analyses se multiplient, on s’inquiète des menaces que ce déferlement high-tech risque de faire peser sur les libertés fondamentales. « Une épidémie est toujours un phénomène politique », rappelle le journaliste Olivier Tesquet, qui y voit (comme beaucoup) une illustration fidèle des thèses de Michel Foucault. Sur Mediapart, un autre article met en doute l’efficacité de certains de ces dispositifs, notamment la géolocalisation (dont la précision s’arrête dès que les personnes suivies entrent dans des endroits peuplés).
Depuis le 17 mars, je recense dans un thread Twitter les articles qui me semblent important, et qui interrogent la manière dont la crise pourrait venir normaliser et légitimer l’usage de technologies de surveillance.
Avec le concours du Mouton Numérique, et Maud Barret (@MEBertelloni), nous les recensons dans ce tableau collaboratif.
Nous n’avons encore que très peu de recul sur l’efficacité de ces dispositifs, mais déjà, ils nous sont présentés comme des solutions évidentes. Ce qui est également évident, c’est que :
- Certains de ces dispositifs seront peut-être utiles, la plupart ne le seront sûrement pas.
- Les institutions démocratiques ne sont pas toujours respectées. En Europe et en France, des digues risquent de sauter.
- Le déferlement technologique en cours laissera ses marques, dans le droit, et dans nos esprits. Quand on parle surveillance, les « retours en arrière » suite à des périodes de crise et autres grands événements (11 septembre, J.O de Pékin) sont difficiles, et riment souvent avec restriction des libertés.
Il nous revient d’être vigilants, dès maintenant. De nous assurer que les mesures qui sont prises le sont avec de bonnes raisons, dans le respect des règles démocratiques, et de façon temporaire. C’est pourquoi, avant de nous lancer dans une longue analyse, nous avons préféré, avec Maud, commencer par recenser les mesures prises dans le monde, et les suivre sur le long terme.
Vous pouvez nous aider à compléter ce tableau, n’hésitez pas à nous contacter.
Irénée Régnauld (@maisouvaleweb), pour lire mon livre c’est par là, et pour me soutenir, par ici.
Source de l’image en tête d’article https://gisanddata.maps.arcgis.com/apps/opsdashboard/index.html#/bda7594740fd40299423467b48e9ecf6