C’était il y a maintenant un peu plus d’un mois, je publiais sur Mais où va le web ma première nouvelle : L’armée des 12 clics. Il s’agissait là de nourrir la ligne éditoriale du site avec un format inédit et différent des habituels et classiques billets mono-sujet. Livrée en pâture au web, j’ai plutôt eu de bons retours (mais pas que), sur ce premier exercice, car c’est bien un exercice.
L’armée des 12 clics est une nouvelle de 20 pages dans laquelle le monde tel que nous le connaissons est fait d’humains qui ne font que cliquer, sans qu’on sache vraiment pourquoi ni depuis quand. Face à cette dictature du clic, un élu résistant est envoyé dans le passé pour comprendre le pourquoi du comment, et éventuellement l’empêcher.
Merveille du web, on peut tout y tenter, c’est un véritable cabine d’essayage pour la créativité. Ainsi, L’armée des 12 clics est avant tout un test de ma capacité à inventer un scénario, une trame, quelques personnages, une atmosphère absurde à cheval entre la science fiction et le roman d’entreprise, et enfin : une chute rigolote. Le fond n’est pas loin de celui que je développe fréquemment sur Mais où va le web : critique des formats médiatiques, de l’engouement pour les nouvelles technologies et du vocabulaire qui accompagne ces dogmes (qui au demeurant, n’ont rien de nouveau). Concernant le langage, c’est sans hésiter que j’ai repris le personnage de Mélissa, introduit dans le billet « Corporate novlangue ». Voilà un moment que je voulais revenir sur ce cliché de « dir’ com' » que j’ai pourtant croisé et recroisé au cours de mes pérégrinations dans le milieu du digital.
L’origine de L’armée des 12 clics
L’idée d’écrire une nouvelle m’est venue alors même que je me faisais piquer l’idée d’un énième billet bien parti pour critiquer les fermes à contenus (ces sites qu’on remplit d’articles médiocres en vue d’y attirer un maximum de clics et d’en faire des relais publicitaires hors-pairs). J’ai réalisé que si d’autres blogueurs se mettaient à critiquer lesdites fermes à contenus, alors tout le monde allait finir par écrire la même chose sur le même format : adieu la diversité. D’où l’idée de la nouvelle. On ne se fait pas piquer une nouvelle.
A l’origine, L’armée des 12 clics a été publiée en 4 billets au cours du mois de novembre 2015. J’ai écrit les deux premiers chapitres au fil de l’eau, puis le reste lors d’un week-end au vert. La trame scénaristique repompe clairement celle du film L’armée des 12 singes (1992), de Terry Gilliam, tout simplement parce que j’ai pensé au titre avant d’écrire la nouvelle. Le sous-titre « Une nouvelle un peu jetée » fait évidemment référence au film de Chris Marker, La Jetée, sorti en 1962. Ce film a lui-même inspiré en grande partie le scénario de L’armée des 12 singes (on n’en finit pas). J’ai ensuite revisionné ces films et adapté mon scénario suivant la même logique (retours dans le passé, puis dans le futur, étalement des indices, etc).
J’ai reçu de clairs encouragements pour cette première histoire, j’ai également essuyé quelques critiques (je m’excuse trop parait-il, l’histoire gagnerait à sortir du réel de manière plus assumée, le style ne plaît pas toujours). Bref, autant de raisons de faire mieux la prochaine fois. Dans tous les cas, le plaisir d’écrire a clairement atteint son paroxysme pendant ces heures de rédactions.
L’auto-publication de la nouvelle
Aujourd’hui, je publie L’armée des 12 clics en un seul morceau dans un format universel. Je ne lis moi même que très rarement des nouvelles auto-publiées, je n’attends donc rien de particulier en termes de lectorat. J’ai écrit ce morceau d’esprit exactement comme j’aurais voulu le lire, dans un style presque comique et absurde. Comme on me l’a dit une fois, c’est « une critique lyrique du numérique ». Et je pense qu’elle pourra vous faire passer un moment original. C’est à vous.