L’anti manuel du SEO, 10 conseils pour écrire comme un anarchiste du web

licorne de bois postmoderne en voiture de sport

Attention, cette chronique n’est pas un pamphlet à la gloire du SEO et à la botte des moteurs de recherche. Vous et moi avons déjà suffisamment lu d’articles à ce sujet.

C’est d’ailleurs suite à de trop nombreuses lectures sur le référencement que j’ai doucement commencé à déprimer. En effet, le SEO ( ou « optimisation pour les moteurs de recherche » en français) conditionne nos contenus, dirige nos plumes et structure nos lectures. Les techniques de référencement dictent la poésie moderne et dirigent notre manière d’écrire, de répéter, d’organiser, de découper et donc de penser nos textes sur Internet.

Et tout le monde s’en fout !

J’ai décidé ici, sûrement plus par esprit de contradiction qu’autre chose de répertorier 10 conseils pour écrire comme un anarchiste du web, en faisant fi des règles imposées par les moteurs de recherche.

Histoire d’être quand même un peu lu, j’ai opté pour une organisation sous forme de liste, format qu’affectionnent les dits moteurs de recherche. Je suis donc parfaitement assimilable au type qui critique Facebook sur Facebook. Assumé.

1) Ouvrez un espace généraliste

Marre des gens « focus » ? Saoulé des lignes éditoriales ? Vous avez raison. Lâchez-vous, car au fond rien ne vous empêche d’écrire sur les licornes postmodernes et les voitures de sport. Ne vous interdisez pas non plus d’afficher des photos de vos sculptures sur bois sur une même page. Variez les sujets, le référencement n’aime pas ça.

Telle la licorne, restez de bois face au référencement

Telle la licorne postmoderne, restez de bois face au référencement

Vous avez même le droit de vous réclamer de tout et de rien. Après tout, pourquoi seriez-vous spécialiste d’un domaine et non pas commentateur ou analyste de tous les domaines ? N’est-ce pas justement là l’essence du politique et de la prise de position ; se faire un avis sur tout ?

Bref, à la poubelle les lignes éditoriales ultra précises qui plaisent au référencement, écrivez sur plusieurs sujets. Ne soyez pas « Focus ».

2) Envoyez balader les mots-clés et le SEO

Allez comme je vous aime bien, voici une petite devinette : à quel livre les mots-clés suivants font-ils référence : Paris, Bagnard, Guerre, Opprimés, XIXème ? Si vous n’avez pas trouvé voici un indice : Causette.

Les mots-clés sont les gardiens des moteurs de recherche, ils assurent un maximum de résultat efficaces pour une requête donnée. Mais résumer votre texte à quelques mots peut lui faire perdre son essence. Dans la culture du papier le texte précédait les résumés, aujourd’hui les mots-clés conditionnent le contenu.

Si votre texte est « inrésumable » ou que vous ne souhaitez pas perdre votre âme en réduisant votre contenu à une série de lettres, boycottez les mots-clés.

3) Ne vous répétez pas, licorne de bois dans une voiture de sport

La suite logique pour rester « focus » est de répéter inlassablement le même mot ou la même suite de mots dans votre article. Ainsi, on considérera que vous maîtrisez votre sujet et êtes digne d’intérêt.

Vous n’êtes pas obligé, licorne de bois dans une voiture de sport, de respecter cette technique ridicule. D’ailleurs, on pourrait très bien s’imaginer traiter un sujet sans même y faire référence, par exemple celui des licornes de bois dans une voiture de sport.

Ne tombez pas non plus dans la facilité qui consiste à répéter dans votre texte ce que vous avez déjà dit dans votre titre, à savoir que certaines licornes de bois conduiraient des voitures de sport.

4) Abordez plusieurs problématiques dans un même article

C’est en 1991 que les premières licornes de bois postmodernes en voiture de sport font leur apparition dans l’espace public. Phénomène de mode ou épiphénomène médiatico-culturel ? La question reste ouverte. Dans la région bretonne, certains témoins ont déclaré avoir aperçu jusqu’à une centaine de licornes se réunissant dans des champs pour s’adonner à des concours de tuning.

Taillées de bois divers (notamment de frêne et de sapin), les licornes avaient des résistances variables à leurs environnements respectifs. Avant leur disparition, certains analystes avaient théorisé le rapport bois / choix de la marque de voiture. Les bois clairs ayant un attrait plus prononcé pour les marques allemandes.

Depuis lors, les champs de licornes de bois postmodernes en voiture de sport ont été désertés. Les chanceux pourront encore trouver sur l’herbe quelques ouvrages de Michel Foucault, témoignage de leur passage.

5) Soyez rétrograde, oubliez les images

Après tout, votre propos n’a pas forcément besoin d’être illustré. Il peut même être plus pertinent de se limiter au texte et rien qu’au texte. Idéalement, il faudrait également éviter de publier des vidéos.

Sans images, vous ennuierez peut-être votre auditoire à l’inonder de lettres, mais le texte se mérite. On ne rentre pas facilement dans du Balzac, ce serait sûrement plus facile avec un format de courtes vidéos de 15 secondes. Mais ça ne serait plus du Balzac.

L’autre avantage à ne pas mettre d’images dans vos contenus, c’est aussi que vous n’aurez pas besoin de leur donner une description. Pratique.

6) N’ayez pas de Sitemap

Peut-être ne savez-vous même pas ce qu’est un Sitemap. Avec des rudiments d’anglais vous comprendrez qu’il s’agit d’un machin qui donne une idée de comment est structuré votre site internet.

Dommage pour les littéraires, Google référence les gens qui savent expliquer à Google qu’ils sont intéressants et ces gens-là savent ce qu’est un Sitemap. Par exemple, le type qui a fait ce blog-là sait: http://www.isicca.info/

En bref, ne vous souciez pas de la technique et concentrez-vous sur le texte. Ne vous familiarisez pas non plus avec le novlangue anglais entré par la fenêtre du référencement. C’est important chez les anarchistes du web de ne pas trop parler anglais.

7) Publiez peu, revendiquez-vous Slow Media

Il est flagrant de voir à quel point les gens qui lisent des slow medias sont plus intelligents. Faites le compte parmi vos amis et vos proches. Ceux qui sont nourris de flux d’infos sans fin sont souvent les plus bêtes.

Je n’ai absolument aucune statistique pour étayer ce propos, de la pure intuition. Dans tous les cas, écrire peu est mal vu, il faudrait écrire beaucoup pour être intéressant. Que nenni! Publiez un seul article dans toute votre vie, sans liste ni images ni mots-clés.

Ce sera peut-être quand même l’article du siècle.

8) Ne faites pas de billets listes

Bon c’est vrai, j’ai déjà écrit sur ce sujet dans 10 raisons de ne plus lire les articles qui font des listes. N’empêche que la problématique reste la même. Les listes sont symptomatiques du fonctionnement du référencement : beaucoup de titres, beaucoup de mots clés, un seul sujet très « focus », etc.

Le style littéraire Listique est donc devenu une réalité plus par nécessité algorithmique que par pertinence intellectuelle.

Mon conseil : envoyez valdinguer les listes, revenez à la bonne vieille argumentation longue et fastidieuse (sans images, les gens vont adorer).

9) Continuez à penser que Twitter et Facebook, c’est pour les débiles

Les réseaux sociaux sont des repères de vermines égocentriques et imbues d’elles-mêmes. Si vous avez cette image de Twitter et Facebook, c’est bien, continuez.

En effet, les réseaux sociaux sont souvent le parfait relais des contenus qui sont tout sauf anarchistes. La guerre des Likes fait rage chez les annonceurs, producteurs de petites vidéos de 15 secondes et blogueurs qui font des listes pour nourrir nos amis Facebook et Twitter.

Si vous partagez cette vision, vous pouvez militer très directement en ne partageant pas cet article sur vos réseaux. Je tiens d’ailleurs à signaler que moins il sera partagé, plus son succès en sera retentissant. En revanche, vous êtes libre de l’imprimer, de le distribuer, etc.

10) Ne vous forcez pas à citer des gens pour vous faire des amis

Si vos idées sont inspirées, elles sont sûrement en partie volées. Si tel est le cas, on vous conseillera de renvoyer régulièrement à vos sources via des liens.

Cependant vos idées sont peut-être les vôtres, ou peut-être avez-vous assez tordu celles des autres pour ne pas avoir à vous justifier. Par exemple, le coup des licornes postmodernes en voiture de sport est né ici, personne ne mérite de s’en trouver cité ou grandi. Et cela même si je n’ai inventé ni les licornes, ni les voitures, ni la postmodernité.

Voilà

On pourrait aussi revenir au papier et éteindre son ordinateur me direz-vous. Mais ce serait tirer un trait sur votre esprit critique, vous le savez bien.

Dans quelques mois, pensez à chercher sur internet « licorne de bois postmoderne », vous tomberez alors sur cet article traitant de SEO et j’aurai gagné mon pari : tromper Google sur la nature d’une requête. Et tous les gens qui chercheront des licornes postmodernes seront alors abusés, un monde de désordre s’amorcera et l’anarchie régnera. Peut-être même que les licornes de bois postmodernes en voiture de sport reviendront. Qui sait.

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Ness
8 années il y a

J’ai le droit de « plussoyer » ton article?!

Au risque de jouer la fan des cours d’école genre l’ado qui aime Kenji-la-guitare mais je valide ton analyse. Tous les jours que dieu fait j’écris pour le sacro-saint SEO (enfin sauf le dimanche faut pas abuser non plus…) et je fais aussi de la veille et j’en ai plus qu’assez (c’est peu dire) de lire ces contenus sur-optimisés écrit par des « pointures » du SEO (au moins du 47 à la vue des louanges qu’on leur fait!).

En plus je trouve que les licornes qui roulent en Ford Mustang méritent au moins un article de fond, sinon plus. Merci de leur avoir rendu hommage!

Kenavo!