Arrêtez tout ! Actionnez le mode avion de votre mobile, rebranchez votre cerveau et trouvez-vous un fauteuil confortable : il est temps de raviver votre esprit critique. Il y a une équipe pour ça : ils sont trois, ils sont jeunes, ils sont vifs, aussi passionnément curieux qu’intellectuellement rigoureux. Ils ont ce feu intérieur qui rallume les consciences, vulgarisateur pour ceux qui débutent, élévateur pour tous ceux qui les liront. Véritable boys-band de la pensée dissidente, Florian, Maxime et Wilfried ont créé le journal Controverse, une « plateforme éditoriale pour un nouvel imaginaire collectif ».
Technocritique, information, consommation, travail : tout y passe
Allons droit au but, c’est des mains de mon collègue Saint-Epondyle, blogueur éponyme, que j’ai reçu le premier numéro d’une revue que je n’ai plus lâchée (il faut dire qu’avec un format A2, on n’est pas surpris par le poids). Controverse, épisode 1 « Technique, poison ou remède » n’aurait pas pu mieux tomber. De Jacques Ellul à Nicholas Carr, en passant par Martin Heidegger et Bernard Stiegler, on y retrace les grandes lignes des pensées technocritiques d’hier et d’aujourd’hui, à la lumière des Big Datas et autres technologies du XXIème siècle : une véritable plongée dans ce qui constitue les fondements des questions que nous nous posons au quotidien. Je dois bien dire que Controverse et Mais où va le web ? se croisent dans cette longue et trépidante réflexion sur les valeurs qu’animent nos objets, du plus simple au plus complexe. J’ai ici même et à plusieurs reprises traité des sujets qui reviennent chez eux (Big Data, société technicienne, publicité en ligne, etc.) et je ne peux que saluer, embrasser, renforcer cette nécessaire expansion des idées.
Loin des hippies enfumés et des donneurs de leçon hurlant au vent, Controverse est un savant medley entre pédagogie et esprit critique. Après deux numéros sur l’information et la technique, le trio s’intéresse à la consommation et au travail. De quoi prendre de la hauteur conceptuelle sur ces sujets qui au-delà de l’actualité bourdonnante, sont au centre de nos civilisations.
Le leitmotiv de l’équipe Controverse, c’est de « raviver de thèses anciennes et de vieilles figures de la critique », les réactualiser suivant un prisme actuel et ainsi, inviter à réfléchir. Si l’équipe est jeune, elle n’en demeure pas moins informée et précise dans ses écrits, chaque article passé par trois esprits acérés est pesé, pensé et repensé : « Ce que nous mettons dans Controverse, nous sommes allés le chercher nous-mêmes, en écumant des dizaines de bouquins, en visionnant des conférences, en assistant/participant à des débats (…) nous ne sacrifions pas la qualité sur l’autel de la quantité et publions quand le numéro nous semble prêt. »
Petit exemple de réalisation graphique, le trombinoscope de la technocritique
Marqués par leur époque et inexorablement tournés vers un monde – réellement – contributif, l’équipe multiplie les références sans pour autant diminuer en clarté : « on propose des concepts de contestation du discours mainstream » contre « un mode de pensée totalement court-circuité par les discours politiques simplistes et péremptoires, les médias de masses drogués à l’instantanéité ». Si Controverse peut prendre l’allure d’un média clairement dissident, c’est avant tout un format honnête intellectuellement, riche en renvois diverses et à la portée de tous. Florian, Maxime et Wilfried ont fait le choix d’une publication papier en libre-service dans des librairies afin d’offrir un format qui « se manipule, transite de main en main » pour véhiculer « une réflexion profonde, un discours complexe, une pensée à contre-courant ». Et j’ajouterai qu’en plus de tout ça que la revue est une réussite graphique.
Pour les allergiques au papier, une version web existe également sur le site internet http://controverse.co/ et fait appel aux supports des lecteurs via une plateforme de financement participatif (tipeee.com/controverse). Bref, de quoi faire ses armes dans des domaines clés de nos vies. Controverse est une de ces initiatives qui, loin de vouloir vous imposer quoi que ce soit, vous invitera à aller encore plus loin tout seul (et ça, ça n’a pas de prix !).
Pour aller plus loin avec Controverse
Nous avons bien sûr échangé un peu plus longuement avec l’équipe que je vous propose de retrouver plus amplement dans cette interview. Controverse revient sur ses partis-pris, ses fonctionnements et ambitions pour le futur. Je vous invite à parcourir ces échanges qui achèveront de vous convaincre qu’il faut que vous vous procuriez cette revue d’une manière ou d’une autre.
Enfin, vous êtes déjà libre de soutenir l’équipe (mais je vous encourage à lire le journal avant, cela va sans dire). Je ne vous refais pas l’éternel pitch des médias indépendants (allez si, je le fais) : l’association Controverse vit (presque) d’amour et d’eau fraîche, et surtout de passion pour la diffusion du savoir et des idées, c’est évidemment inestimable. Pour ma part, je trouve leur travail remarquable et je pense que les donateurs feront œuvre de service à l’humanité toute entière en finançant ces gaillards. Et puis avec eux, vous êtes à peu près sûr que votre argent ne finira pas dans une banque panaméenne (bref, c’est ici —> tipeee.com/controverse).