L’ordinateur individuel dans la bande dessinée

Ordinateur mon ami Lewis Trondheim

Le souvenir de l’adoption des ordinateurs provoque parfois une douce nostalgie et chacun peut y aller de sa petite histoire sur le sujet : « Je me souviens, c’était un Pentium II » ou « T’as pas connu les disquettes 5 pouces et demi, toi » ou encore « A l’époque il fallait faire un win.exe dans une invit’ de commande pour lancer Windows » sans oublier les fameux, « Moi j’avais déjà un Mac ». Bref, des réminiscences passionnées et souvent parsemées de détails précis.

Pour ma part, je me souviens encore des spécifications de ma première carte graphique partagée, de mes visites dans le BIOS pour en diminuer la mémoire et gagner quelques miettes de RAM quand la poussière ruinait les performances. Je me souviens aussi de longs reformatages et de mes premières sessions sur « L’Internet », ce truc abstrait qui servait essentiellement à chatter avec d’autres ados débiles.

Quand on mentionne les premiers ordinateurs individuels, on réalise qu’il existe une véritable mémoire collective. C’est cette mémoire que je souhaite réveiller pour quelques instants dans ce court article dont la modeste mission est de compiler une petite série d’images (de vignettes pour être précis) de quelques bandes-dessinées Franco-belges qui ont immédiatement résonné dans mon esprit à l’évocation du sujet. Evidemment, un tel sujet n’étant jamais exhaustif du premier coup, je me lance avec quelques exemples que je compléterai dans le futur. D’ailleurs si toi, oui toi lecteur, tu as des suggestions, ben dis le moi. (Oui, il y a encore des gens qui disent « toi, oui toi, lecteur »).

Commençons avec Trondheim qui déjà en 2001 dans Ordinateur mon ami, Les formidables aventures sans Lapinot, Tome 2, dresse un portrait critique et circonspect de l’entrée fulgurante des ordinateurs dans nos vies. En 2001, le foyers sont déjà bien équipés en matériel informatique, difficile de convaincre la ménagère :

Les formidables aventures sans Lapinot , Tome 2 Ordinateur mon ami

Quelques planches plus tard, c’est le mythe de l’entrepreneur qui est repris dans une dialogue qui, il y a 15 ans déjà met en scène ce fameux problème d’abus de position dominante des grands outilleurs prédigitaux. Les bestioles qui sortent de la chaîne de production font clairement penser aux Apple II et le « procédé révolutionnaire » qui réplique sans aucuns coûts la technologie existe bel et bien, nous avons tous acheté au moins une licence Windows sur un bout de plastique nommé CD.

Les formidables aventures sans Lapinot , Tome 2 Ordinateur mon ami

Dans le Tome 19 des Bidochons ; Internautes, Binet dessine une scène que nous avons tous vécue avec nos parents, grands-parents ou éventuellement amis un peu retardés. L’essentiel du volume est dédié à l’adoption de l' »Internet » par le couple Bidochon. Mieux qu’une étude de marché, cette bande-dessinée est LE manuel à ne pas rater si vous comptez pénétrer le marché des seniors. Mais je vous laisse savourer :

Les Bidochon, Tome 19 : Internautes

Tout ça est bien joli mais il s’agirait de ne pas oublier qui a inventé l’ordinateur. C’est sans surprise que des recherches approfondies m’ont logiquement mené vers le grand Leonard. C’est en 1984 dans le Tome 11, Génie du Bal que notre inventeur préféré sorti de l’imagination fertile de Bob de Groot  créé le « cerveau » : mécanique brillante mêlant bandes magnétiques et machine à écrire (inventée dans le Tome 8). De manière assez anachronique, l’ordinateur de Léonard ressemble plus aux unités des années 60 qu’à l’actualité de 1984 marquée par la sortie de l’Apple 128K, nous sommes donc en plein dans un double anachronisme de modernité passée dans le passé.
Léonard, tome 11 : Génie du bal

Léonard, tome 11 : Génie du bal

En parfaite conformité avec les débats technologiques actuels, la machine de Léonard refuse une augmentation au disciple de l’inventeur. Plus tard dans la série, Léonard inventera la machine à penser, nul doute qu’il découvrira l’intelligence artificielle et de quoi remplacer définitivement ce paresseux disciple.

Léonard, tome 11 : Génie du bal

Enfin, comment ne pas inclure dans cette liste Titeuf qui, contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire a été tout sauf une bande dessinée pour enfants, mais c’est une autre histoire. Rendez-vous sur ce site pour consulter la planche entière, vous comprendrez pourquoi la gamin à la mèche blonde n’a rien à envier à Jacques Chirac quand il s’agit de micro-informatique.

L'ordinateur Titeuf

Voilà, ça sera tout pour le moment mais cette liste s’allongera sans aucun doute dans le futur, j’espère grâce à vous, les références à nos amis les ordinateurs ne manquent pas. Pour ma part, c’est surtout l’occasion de construire une micro-légitimité autour de la bande-dessinée, je me dis souvent qu’un blog sur la BD aurait été beaucoup plus intéressant que de parler de web, ce que fait déjà tout le monde.
fleuron

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