Franchement bravo au journal de l’espace qui se concentre dans cette vidéo d’utilité publique (26 minutes) sur les dégâts liés aux mégaconstellations.
L’effort est d’autant plus remarquable que cette chaîne suit aussi de près les développements en cours à la « Starbase » de Musk, et vise une communauté qui peine parfois à regarder avec critique l’industrie astronautique, et à mettre à distance son enthousiasme de principe. Ce travail de vulgarisation « sans oeillères », expose factuellement à l’audience « la face cachée de leurs rêves ».
C’est aussi une des forces dans le milieu spatial : nul ne peut feindre le problème ni mettre à l’écart une nécessaire rigueur scientifique. L’épisode se base à ce titre (notamment) sur les excellents travaux de l’association AÉRO DÉCARBO et de The Shift Project dans leurs récents rapports sur l’impact environnemental de l’industrie spatiale (nous en avions parlé ici-même).
Un épisode qui casse quelques clichés, et notamment le fait que le secteur spatial ne représenterait presque rien en termes d’ordre de grandeur. Si les émissions de CO2 des fusées restent encore très faibles par rapport à l’aviation, le cycle de vie dans son entièreté est pourtant considérable. La croissance ahurissante du nombre de lancements (et de satellites) également. Les fusées nous envoient dans le mur.
En dehors du CO2, les suies expulsées dans la haute atmosphère restent encore hors champ. Pourtant, elles provoquent un forçage radiatif plus de 50 fois supérieur à la vapeur d’eau. Et ça ne s’améliore pas : en 2014, on comptait 92 lancements de fusées, contre 211 9 ans plus tard. A terme, ce sont 77 000 satellites qui pourraient être mis en orbite. A ce niveau, il faudrait en remplacer 12 000 par an (soit à peu près la totalité de ce qui a été envoyé depuis les débuts de l’ère spatiale).
En résumé, les mégaconstellations à elles seules deviennent « possiblement » un problème aussi important que l’aviation. Et je cite le journal : « Il nous revient collectivement de questionner ces usages et juger de la légitimité de chacun au regard de son poids écologique. »
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