« Internet est voué à disparaître » a dit Eric Schmidt, ex-président exécutif de Google. Certes, l’affirmation est un peu abstraite. D’ailleurs, on pourrait considérer que le réseau entièrement virtuel est déjà en partie invisible. Pas du tout. Internet est tout ce qu’il y a de plus palpable et concret : des bugs aux lenteurs de connexion, en passant par les parcours chaotiques que nous font vivre certains sites ou certaines applications, la toile est bien là sous nos yeux. Mais alors, qu’entend Eric Schmidt quand il dit « disparaître » ? Et qu’impliquerait une dissipation soudaine du réseau des réseaux ? Enquête.
Internet ne va pas disparaître, il va se dissoudre dans nos usages
Vous ne l’ignorez pas, après avoir virtualisé une bonne partie de notre quotidien (commerces, institutions, rencontres, voyages), internet s’attaque désormais aux objets du réel. On appelle ça l’Internet des objets, ou « IoT » pour Internet of Things. Cet IoT va permettre à nos accessoires (allez, une montre, une plante, un tapis, un frigo, même si le frigo est un très mauvais exemple [1]) de nous dire tout un tas de choses sur leur état, leurs besoins et surtout les nôtres (économiser de l’énergie, prévenir que Maxime est bien rentré à la maison ou que Kiki a encore fait ses besoins sur le paillasson).
Bref, l’Internet des objets est comme une grande grille à l’intérieur de laquelle se croisent des informations destinées à nous faciliter le quotidien et accessoirement à nous vendre tout un tas de trucs (comme des lingettes nettoyantes pour paillasson).
Quand on dit qu’internet « va disparaître », on signifie en fait qu’il risque d’être dissimulé derrière tous ces objets connectés, sans que nous n’ayons plus rien à faire. A première vue on pourrait se dire que si internet disparaissait derrière des capteurs, la vie serait plus facile. Par exemple, notre réfrigérateur pourrait nous suggérer de commander des courses après une simple validation, notre smartphone nous préviendrait qu’il n’y a pas trop de queue à la Poste et que c’est le moment d’y récupérer un colis. On peut imaginer des centaines d’autres de ces cas qui rendent notre expérience du monde plus fluide et lisse grâce à la technologie. Mais il y a du chemin avant d’en arriver là. Notre expérience de la technologie est encore douloureuse, qu’il s’agisse d’acheter un billet d’avion en ligne ou d’abaisser la climatisation à l’aide de cette incompréhensible télécommande. Les jonctions qui nous relient aux dispositifs technologiques, qu’on appelle aussi « interface-homme-machine » (ou IHM) sont encore bourrées de frustrations.
Ces frustration constituent « l’expérience utilisateur », et les trente dernières années ont consisté à la rendre de plus en plus liquide et invisible, plus récemment grâce à l’internet des objets. Or en liquéfiant ce rapport à la technologie et au numérique (ce qui en soi n’est ni bon ni mauvais, c’est juste le cours des choses), nous oublions que nous y avons recours. Nous intégrons la technologie comme si elle était un organe supplémentaire. En cela, nous dissolvons bien internet dans nos usages.
Mais alors, en quoi est-ce mal qu’Internet disparaisse ?
La question est mal posée. Savoir si la disparition d’internet est bonne ou mauvaise est un problème moral. Or le développement technologique ne progresse pas en suivant un idéal moral, il ne le tolère pas. Si on s’en réfère à ce qu’en dit Jacques Ellul [2], éminent penseur de la technique, celle-ci assure sa propre légitimité notamment via la publicité, et poursuit son avancée sans s’arrêter sur les considérations petitement humaines. Mais vous n’êtes pas obligé de croire Jacques Ellul.
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Ce à quoi il faut être attentif, c’est aux effets potentiels que la disparition d’internet pourrait avoir sur nos comportements. Je piocherai pour m’expliquer dans deux pensées particulièrement bien opposées. Côté pile, un entrepreneur dans le domaine de l’intelligence artificielle, côté face Evgeny Morozov, philosophe technocritique créateur du concept de solutionnisme technologique [3].
Côté pile
Notre entrepreneur s’appelle Rand Hindi, dans un article intitulé How Artificial Intelligence Will Make Technology Disappear qu’il publie sur la plateforme Medium, il décrit comment l’intelligence artificielle pourra réduire les frictions technologiques (c’est-à-dire les moments désagréables de l’expérience utilisateur) grâce à l’étude approfondie de nos comportements. Il liste à ce titre plusieurs cas concrets :
- Notre smartphone saura bientôt quand ne pas nous déranger
- Notre voiture nous fera éviter les routes où un taux d’accidents élevé a été constaté
- Connecté à notre agenda, notre réveil saura se paramétrer tout seul
- Notre lit pourra anticiper notre réveil et prévenir la machine à café qu’il est temps de s’activer
- Etc. [4]
Rand Hindi explique le succès de certains de ces usages dépendra de la capacité qu’auront nos appareils à prendre en compte le contexte (il parle de « context-awareness technologies »). Il explique également comment l’intelligence artificielle pourra permettre aux opérateurs de transport d’optimiser leurs réseaux et d’ajuster la consommation d’électricité de façon concomitante. Il ne fait donc pas vraiment de différence entre ce qui relève de la gestion des services municipaux par les pouvoirs publics de ce qui à trait à la consommation des ménages dans le cadre du secteur privé.
D’une certaine manière, il plébiscite « juste » la disparition totale de la technologie (qui dans notre cas embarque évidemment internet, et plus ou moins tout ce qui se rapporte au numérique connecté). Il en déduit qu’une fois ces mécanismes en place, nous ne nous apercevrons même plus que de la technologie nous entoure :
« By the time this happens, technology will have become so deeply integrated in our lives and ourselves that we simply won’t notice it anymore. »
L’histoire s’arrêterait là si toutefois ces pratiques audacieuses n’avaient pas d’impact sur la constitution même de nos individualités. Comme je le rappelais plus haut, la technique ne s’embarrasse pas avec la morale. Cette dernière suit ses propres lois : elle n’est pas du tout juste « ce qu’on en fait » comme on voudrait nous le faire croire.
Les procédés technologiques produisent en soi des effets, positifs ou négatifs. Par exemple :
- En nous obligeant à adapter certaines de nos infrastructures (on crée des routes parce qu’on vend des voitures),
- En limitant nos options derrière l’illusion du choix (menus et listes ne sont jamais exhaustifs),
- En encourageant certains comportements suivant des soit-disant critères de santé (mesure d’activité ou quantified-self),
- En modifiant les conditions de travail de certaines personnes dans l’optique de répondre au désir immédiat du consommateur ou de l’administré (on appelle aussi ça la flexibilité).
Si on forçait le trait, on pourrait dire qu’avec des technologies du type de celles que décrit Rand Hindi, nous sommes en partie téléguidés selon un principe d’efficacité.
Côté face
Côté face, c’est un tout autre son de cloche. Le volubile Evgeny Morozov, dans un article qu’il publie sur le Wall Street Journal : Is Smart Making Us Dumb ?, met le doigt sur la perte de contrôle que pourrait occasionner un recours exagéré aux produits commençant par « smart ». Pour lui, un internet sans frictions ou « seamless » soulève quand même quelques questions. Il compare ce futur probable à une attraction où l’on conduirait des voitures qui ne sortent jamais des rails.
« Or will that world, to borrow a metaphor from the legal philosopher Ian Kerr, resemble Autopia — a popular Disneyland attraction in which kids drive specially designed little cars that run through an enclosed track? Well, “drive” may not be the right word. Though the kids sit in the driver’s seat and even steer the car sideways, a hidden rail underneath always guides them back to the middle. »
On pourrait ajouter que ces mécanismes devenant invisibles, il faudra trouver un moyen de les monétiser. Or avec la réduction des interfaces visuelles ou cognitives (les fameuses IHM), faire passer des messages publicitaires se fera avant tout en manipulant les données personnelles des utilisateurs. La masse d’informations que ces capteurs récolteront pourra servir des intérêts privés tout aussi envahissant que des notifications bien que savamment dissimulés sous des dispositifs ludiques (jeux de récompenses, bons points, code promo…), voire des dispositifs automatiques présents absolument partout (ce que Rand Hindi désigne comme l’ère de l’« ubiquitous computing »).
Signalons tout de même que les partis-pris d’Evgeny Morozov semblent parfois cacher une détestation démesurée pour tout ce qui émane de la Silicon Valley. Tous les objets connectés n’ont pas pour ambition de nous fliquer ou de nous plumer. En revanche, il est certain que dans la majorité des cas, ils fonctionnent et s’améliorent grâce à nos données, nous sommes donc des acteurs à part entière de la chaîne de valeur technologique. C’est une autre raison qui fait qu’en être conscient est le premier pas vers la négociation légitime du partage de la richesse créée (on appelle ça le Digital Labor).
Ainsi, un internet qui disparaîtrait sous des objets connectés pourrait contribuer à créer une véritable fabrique à comportements standardisés sur le modèle de nos usages (on appelle aussi ça le nudging), tout en captant la valeur que nous créons (ce qui ressemble beaucoup à du capitalisme). Or fabriquer des comportements revient à changer les structures de la société, sa culture.
Quelle culture peut produire un monde où internet est invisible ?
Il semble assez inexorable que d’une manière ou d’une autre, internet disparaisse peu à peu. Certes, ça ne se fera pas du jour au lendemain, ni au même rythme à différents endroits de la planète. A certains égards, nous allons vers un monde semblable à celui que décrit Rand Hindi et dans lequel la technologie est plus ou moins indiscernable de la magie [5].
Comme pour évacuer les raisons d’avoir peur, l’entrepreneur explique que l’électricité a connu le même sort et que celle-ci est aujourd’hui totalement incorporée à nos infrastructures. Ce qu’il omet de dire cependant, c’est qu’internet a peu à voir avec l’électricité. Internet n’est pas « une technologie » mais une myriade d’environnements techniques qui forment un milieu. Ce milieu mêle technique, logique et langage, il est en cela « cybernétique ». Le milieu internet mémorise et stocke des informations sous forme de signes, ce qui le hisse à un niveau de technicité singulier puisqu’il s’agit « d’étendre » nos capacités cognitives (étendre ou restreindre, tout dépend si l’on considère le résultat ou l’effet…). On ne peut pas en dire autant de l’électricité ou de la roue, même si ces deux « inventions » font aussi partie de tout un milieu technique (façon de se déplacer, façon d' »habiter »,etc.).
S’il est important de rappeler ce caractère particulier des technologies numériques, c’est pour mettre en évidence le pouvoir de suggestion comportementale immense qu’elles peuvent générer, à la manière d’une propagande bien huilée, mais encore plus sournoise et invisible. Un internet invisible qui produirait des modèles de comportements suivant des routines établies en fonctions d’intérêts privés – ou même publics – ne peut pas se targuer de juste vouloir « faire avancer l’humanité ». Il créé un téléguidage, disions-nous, qui correspond à ces intérêts (bons ou mauvais, encore une question morale) et qui produit lui-même un nouveau rapport à la machine, aux autres, aux institutions, à l’économie marchande, etc. Pour faire court, disons que le rapport à la technologie produit une culture et par extension, une civilisation. En cela, il n’est pas neutre, et la disparition d’internet ne peut pas l’être non plus.
Faisons une analogie. Selon le linguiste Noam Chomsky, professeur émérite au MIT et homme particulièrement engagé, le paysage médiatique reflète fidèlement la doxa politique à l’oeuvre en Europe et dans le monde : celui-ci crée des comportements standardisés qui doivent correspondre à certains intérêts, marginalisant l’information gênante pour les élites dominantes (toute ressemblance avec des faits réels..).
De la même manière, rendre invisible des technologies à même de nous faire prendre ou abandonner certaines décisions, aussi innocentes soient-elles, est une opération risquée pour nos sociétés. Surtout quand ces mécanismes sont orchestrés par des puissances qui avancent sous le masque du marketing. Ces mêmes puissances qui voudraient nous faire croire que si nous ne partageons pas leur idéal, « il suffit de se déconnecter », argument pour le moins fallacieux dans le monde d’aujourd’hui. Tout comme il est fallacieux de croire que le temps libéré par la technologie est directement réalloué à des tâches artistiques ou « plus qualitatives », comme l’affirme Rand Hindi. L’occupation du temps libre est évidemment fonction d’une équation beaucoup plus complexe impliquant éducation et bagage culturel, structures sociales à disposition, place des médias, urbanisme, etc [6]. Qui plus est, la mode n’est pas franchement à la réduction du temps de travail.
In fine, la disparition d’internet renforce la seule question existentielle de notre rapport à la technologie qui revient à savoir qui de l’outil ou de l’homme contrôle l’autre [7].
« Tout progrès technique se paie, tout bonheur de l’homme se paie, il faut toujours se demander quel est le prix que l’on va payer ».
Jacques Ellul
Notes de l’article :
[1] Contrairement à la croyance populaire, la poubelle connectée a bien plus d’avenir que le frigo connecté. Elle voit ce que vous achetez, ce que vous consommez, gaspillez, recyclez ou non, elle peut mesurer les apports caloriques réels et commander de nouveaux produits de façon beaucoup plus précise qu’un réfrigérateur. Ce phénomène mérite à lui seul un développement conséquent… (retour au passage)
[2] Ellul, Jacques, Le Bluff Technologique, Pluriel, 1988, 768p (retour au passage)
[3] Morozov, Evgeny, Pour tout résoudre, cliquez ici ! L’aberration du solutionnisme technologique, FYP, 2014, 352p, pour aller droit au but, rendez-vous sur cet article de Mais où va le web concernant Evgeny Morozov (retour au passage)
[4] Le cas extrême d’amélioration de l’expérience utilisateur (non cité par Rand Hindi) reviendrait à anticiper nos désirs au point de prendre des décisions à notre place sans action de notre part, y compris des décisions d’achat. Amazon a déposé un brevet en ce sens : la firme est tellement précise dans ses statistiques de ventes par profil qu’elle pense à envoyer des colis à ses clients avant même qu’ils ne les aient commandés ! (le système n’est pas mis en place, mais il illustre bien la problématique). Voir http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2014/01/21/32001-20140121ARTFIG00232-amazon-veut-expedier-des-produits-avant-qu-ils-soient-commandes.php (retour au passage)
[5] Selon l’une des Trois lois de Clarke : « Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie ». (retour au passage)
[6] Jacques Ellul disait à ce propos « Chaque fois que l’on annonce triomphalement (…) que le TGV fait gagner près de 2 heures sur le Paris-Lyon, j’ai demandé : qu’est-ce que vous faite du temps gagné ? Est-ce que vous avez composé un début de symphonie, un sonnet, est-ce que vous avez conçu un projet nouveau d’expérience chimique ? Est-ce que vous avez vécu libre (tout simplement) ! en vous baladant au hasard, sans but et dans la joie de la liberté ? » dans Le Bluff Technologique, Pluriel, 1988, 768p (retour au passage)
[7] Illich, Ivan, La convivialité, Seuil, 1973, 158p (retour au passage)
Questions extrêmement intéressantes et importantes je pense. J’ai eu l’impression momentanée de passer par une phase d’anticipation, tant cela ressemblait à de la science-fiction. Pourtant, mes quelques années de vie m’ont démontré que la technologie allait suffisamment vite pour que la science-fiction soit en réalité la première source d’inspiration.
Je pense, effectivement, qu’il y aura des améliorations de vie, mais qu’elles nous conduiront (et j’adore cette analogie) à nous balader dans dans voitures automatiques sur des rails. A l’échelle de l’Internet actuel, on visite combien de sites, désormais ? N’avons-nous pas des rituels ? Facebook, Twitter, etc. ? Petits rails où l’on popcorn en laissant tomber les miettes de nos datas, sans nécessairement produire quelque chose qui proposerait un parcours différent ? Tous ne sont pas attentistes, t’en es un exemple.
Bref, ces deux points me frappent. Je passe à la suite. Merci pour ton travail !
Pop corn et Data* je me mets cette petite analogie sympathique de côté.
Passionnant tout ça !
Ça me fait penser qu’en fait la disparition des réseaux à déjà largement commencé, qu’on n’en est peut-être qu’à l’introduction, mais que la préface est déjà derrière nous. Le monde de la finance est largement contrôlé de manière algorithmique, ça a beau être un lieu commun dans ce genre de discussion, c’est aussi un exemple criant de cas où la techno se fond dans les usages et, irriguant tout, est présentée comme la seule possibilité.
Je pense que la comparaison avec l’électricité est pas mal. Ça a bouleversé nos usages, changé le monde, et ouvert sur les révolutions technologiques à venir.
C’est un lieu commun pour les experts tels que toi mon cher Saint Epondyle ! Qui sait que des millions de petits robots se font concurrence pour spéculer sur le prix du blé ? Hein, qui ? En effet la métaphore de l’électricité revient souvent même si elle est à mon avis galvaudée par le contenu de la technologie (d’ailleurs, les commentaires ci-dessous y font référence également, comme quoi !).
Intéressant tout ça. Précision : l’utopie d’un réseau « transparent » à l’usage, et l’analogie même avec le réseau électrique, ne sont pas récents puisque c’est en arguant des progrès (et richesses) incalculables générés par la connexion de tout et tous à l’électricité que le rapport Nora-Minc (déjà lui) convainc Giscard de développer à marche forcée… le Minitel 🙂
Merci pour cet indispensable rappel historique, je découvre ce rapport que je ne connaissais pas. On peut dire que Minc a rendu un grand service à Niel, quand on voit à quoi servait le Minitel (mais je suis mauvaise langue, peu s’en est fallu pour que ce bijou breton ne surpasse IBM et consorts). Et entre temps, on a vu des gros GAFA monétiser notre temps de cerveau disponible, le monde a quand même un peu changé !
Oui, déjà en 1978, la droite était au pouvoir, conseillée par Alain Minc.(#RetourVersLeFuturQuiN’estJamaisParti).
Sinon, coïncidence intéressante, je lis ce matin un papier de Jérôme Denis (Télécom-ParisTech) qui étudie les cas où au contraire la technologie est décrite et manipulée comme entité « fragile », à partir du cas de la sécurité informatique en entreprise. Autrement dit, à l’opposé de ce mouvement vers l’invisibilisation de la technique que tu décris bien ici, il y aurait des technologies pour lesquelles leurs concepteurs eux-mêmes demandent à ce que leurs utilisateurs restent toujours bien conscients des médiations techniques et de leur fragilité, de leurs frictions. Je peux te l’envoyer si ça t’intéresse.
Et comment que ça m’intéresse, envoie-moi ça mon bon !
https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00670040/document
Il y a des trucs un peu sociologo-centrés qui se rapportent à des débats internes à la discipline, mais je pense que ça reste intéressant 🙂
Excellent article. Je vais lire la suite avec attention.
Je me suis souvenu en vous lisant d’un interview que j’ai donné il y a 15 ans (j’ai l’impression d’être un dinosaure de l’Internet). Miracle de l’Internet -qui comme nous tend à perdre la mémoire peu à peu-, l’article est encore en ligne. Je ne resiste pas au plaisir de me citer
« Pour moi l’Internet du futur disparaît, il est comme l’air qu’on respire. De la même manière qu’aujourd’hui, les fils électriques ont disparu »
http://www.internetactu.net/2000/09/24/nicolas-demassieux-directeur-du-centre-de-recherche-de-motorola/
Bonjour Nicolas et merci pour votre retour. Non vous n’êtes pas un dinosaure de l’internet, eux ont disparu, pas vous. C’est un bel entretien que vous joignez. A quelques détails près, on pourrait presque penser qu’il est actuel : belle preuve d’anticipation, surtout avant l’essor de l’iPhone ou des réseaux sociaux. La bague connecté, le stylo connecté, tout ça existe plus ou moins aujourd’hui et comme vous semblez le pointer à la fin, il y a quand même un gros point d’interrogation sur l’utilité réelle de certains de ces objets (cher petit souci éthique qui pointe son nez « Et si ça fonctionne comme on l’espère, ils sont capables de remplir cette fonction de médiation entre l’offre et le besoin et de faire en sorte que vous ne soyez pas, vous même, en train de faire le tri. »)
J’aurai d’ailleurs aimé vous demander si selon vous ces objectifs de médiation sont atteints aujourd’hui… J’ai plusieurs chroniques qui arrivent et qui parleront voyage connecté / écologie dans la technique, et j’ai personnellement un parti-pris très critique sur la capacité de grandes organisations à créer de véritables « outils conviviaux » (je ne parle pas des start-up, j’ai l’impression qu’on confond parfois progrès et innovation technologique, sans compter qu’ils sont parfois diamétralement opposés). Mais c’est un long débat. Enfin, puisque vous mentionnez la mémoire du réseau, n’hésitez pas à vous relaxer par ici –> http://maisouvaleweb.fr/jai-completement-oublie-le-titre-de-ce-billet-weneverforget/
A très bientôt.
Je pense que les plateformes acruelles de mediation entre offre et demande (type AirBnB) ont fait progresser la fluidité du « marché » de deux manières : mise en relation plus rapide et intelligente entre offre et demande, et surtout elargissement de l’offre grace a la reduction des couts de la mediation liée au digital.
Cela dit, le probleme principal est devant nous : ces plateformes ont un extrordinaire pouvoir d’orientation du marché, soit en biaisant subtilement l’offre (alteration des pagerank de Google), soit en biaisant la demande via un usage abusif de la prediction de vos souhaits (ultra personnalisationnet algortihmes prédicitfs). De ce point de vue, il y a grand risque de dyssimétrie (de technologie, de data,…) entre les plateformes et leurs utilisateurs individuels. La question du libre-arbitre n’est pas loin. Il faut donc réfléchir aux façons de doter chacun de nous des moyens de se préserver de ces biais.
J’aurais bien une idée sur la question : dès lors qu’il serait avéré qu’un service contribue au bien commun, le rendre public, c’est à dire le soustraire à la logique marchande, qui est inéluctablement à l’origine de ce biais que vous signalez.
Imaginez un Uber public. Rien à y redire ! Pareil pour Google : cette technologie relève aujourd’hui de l’intérêt général et devrait donc être gouvernée démocratiquement.
Et bam ! Comme vous y allez ! J’espère que vous trouverez votre bonheur dans la blockchain car j’ai peu d’espoir concernant vos velléités de nationalisation des GAFA et de leurs petits copains (mais bon, j’entends votre raisonnement, il y a de quoi creuser). Bref, le futur est peut-être là –> http://maisouvaleweb.fr/la-blockchain-signera-t-elle-la-fin-du-capitalisme/
Dans nationalisation, il y a nation, un concept obsolète sur le Ouaib. En revanche, on peut concevoir des services administrés collégialement par la communauté des utilisateurs, comme cela se fait sur Wikipédia, par exemple.
Ca s’appelle une Démocratie numérique. Ca devrait même faire partie des CGU de tout site communautaire non dictatorial.
[…] de l’Internet des objets, c’est le fait d’être connecté qui pourrait se dissoudre dans nos usages et rendre la notion « d’Internet » comme d’un lieu virtuel où […]
[…] – mais ne laissons pas cet exemple prendre la discussion en otage. Il y a deux ans déjà, je mentionnais ce paradoxe – qui n’a rien de nouveau non plus – entre ce gain d’efficacité que la […]